Le château de Windsor / La reine Elizabeth Les horse-guards au casque éclatant et les hallebardiers armés d'une pique sont figés dans une impressionnante immobilité à l'entrée du château de Windsor. Le protocole est minutieusement codifié. L'invité est d'abord reçu par un majordome. Un valet de pied le passe ensuite à un militaire qui le glisse successivement à la dame de compagnie de la souveraine et au maître de cérémonie. doté d'un plafond en chêne en forme de carène renversée comportant les blasons de l'ordre de la Jarretière, perpétue l'illusion d'une prééminence monarchique. L'Angleterre d'hier toise celle d'aujourd'hui. L'immense table d'acajou, autour de laquelle les convives prennent place, croule sous l'argenterie et les candélabres. Chaque invité a six verres à sa droite, et non pas devant comme en France, placés suivant l'ordre dans lequel les vins sont servis : champagne, vin blanc, vin rouge, eau, porto. Les couverts portent le monogramme royal. Les assiettes sont en argent. Des bols de fruits sont placés à intervalle régulier. Trouver sa place est un exercice compliqué. Heureusement que les différents membres de la famille royale, disposés tous les vingt invités, servent de repères. Les Windsor sont les seuls à ne pas avoir à consulter le plan de table : le protocole des grands dîners royaux offerts aux illustres étrangers est, en effet, immuable. Tous les convives sont assis. L'orchestre des gardes royaux irlandais entonne alors la Marche des Folies Bergère de Paul Lincke. La procession royale fait son entrée à 20 h 20 pile. En tête, la reine montre le chemin au président Sarkozy, qui paraît un tantinet perdu dans ce cadre grandiose. Suivent le duc d'Edimbourg et Mme Sarkozy, puis le prince de Galles et l'archevêque de Cantorbéry, Mgr Rowan Williams, le duc d'York qui donne le bras à Rama Yade. Pas moins de douze membres de la famille royale ont été mobilisés pour l'occasion, contre sept lors du banquet de l'Entente cordiale donné à Windsor en l'honneur du président Chirac en novembre 2004. Tout le monde se lève. Le monarque prend place. Les invités se rasseyent. Le ballet rappelle le pompage des Shadoks. D'une voix neutre, la souveraine porte un bref toast à l'amitié franco-britannique, et à l'Eurostar et à Airbus en particulier, "sachant que nous pouvons produire des résultats efficaces et durables en travaillant ensemble". Le président de la République remercie en français la reine de son "exceptionnelle invitation dans ce lieu de rêve". A l'évidence, son laïus, long, émotionnel, exubérant, latin en somme, plaît aux Anglais. Du moins à ceux qui comprennent le français, à l'inverse de mes deux voisines qui "chipotent" leur petit pain. A l'étage, l'orchestre militaire joue de la musique d'ambiance. Il ne manque que l'annonce d'une promotion sur la lessive
pour se croire dans un supermarché Tout le monde passe au salon pour prendre le café. La famille royale est détendue. Guide | Le chateau Windsor | in bed with : La Reine Elizabeth II | hôtel information by night |